A croissance molle, politique dure

A croissance molle, politique dure

Malgré l’activisme remarquable du Président Macron, sur le terrain diplomatique, censé donner une image plus conciliante que celle de « Super Rambo Trump », qui reste à mon sens tout à fait défendable néanmoins, la croissance ne sera pas au RV. Les banques centrales, tremblantes à l’idée d’une récession, surtout pour des raisons politiques (déjà suffisamment de populistes nauséabonds pour ne pas leur donner un carburant supplémentaire), vont toutes lâcher du lest, et nous gratifier d’une réserve d’air destiné à notre survie à court terme. En espérant que d’ici là, la Chine reparte de l’avant, que l’Afrique s’empare de son potentiel, que l’Amérique du Sud assume le sien et que l’Europe trouve un peu de goût au numérique, pour s’offrir un avenir et une indépendance.

Cela fait beaucoup de si. Et comme sur une partition musicale, après le Si, vient le Do, et notre dos à nous, est bien au mur. Prévisions de croissance déjà revues à la baisse, bourses secouées, chacun agitant les paris, non sur la survenance de la récession, mais sur sa date exacte. Pourtant, malgré la détresse et le malheur qu’elle entraînera, est ce qu’une récession générale, seule capable de remettre les pendules d’un système déréglé à la nouvelle heure, pour un nouvel été, ne serait finalement pas la solution ? Triste à dire pour un entrepreneur, qui reste le bastion essentiel de l’optimisme, mais en même temps, souvent seul capable de voir l’opportunité en toute chose, même les pires.

A nouveau, il ne faut pas espérer de rebond politique du monde. Macron en a l’envie, l’envergure personnelle, mais n’a pas le pays qui va avec. Non par manque de talents des entrepreneurs et entreprises françaises, et des français eux-mêmes. Mais, comme en boxe, la taille et le poids, obligent à faire des catégories. Nous boxerons un peu plus chaque jour chez les poids plumes, n’ayant ni la taille de la Chine, ni son sens du travail, n’ayant pas l’envergure des USA, si son sens du risque (trop élevé, mais….), ni la démographie de l’Afrique. Et surtout, être conciliant, ce n’est pas une politique. La politique dans un univers de rareté et de disette naissante, c’est pour les forts, pas pour les conciliateurs. Sauf quand ils le font au profit de leur économie. Ce que nous ne savons pas faire. Au pire, on laisse la gloire de la négociation au brave qui a su rallier les points de vue, mais il n’en verra jamais les bénéfices économiques. Nous pourrons être le négociateur de l’Iran, mais tant que les acteurs Français, auront peur des représailles Américaines, nous n’en récolterons que les miettes. Toute cette agitation, fait intellectuellement plaisir. Mais la gloire diplomatique ne fait pas bouillir les marmites de la croissance.

Il nous faut donc un sursaut Européen. Avec ceux qui voudront s’en emparer. Tant pis pour les autres. Attendre que ce tissu sans cohérence qu’est l’Europe, se mette en mouvement de façon concertée mènera à notre perte. Il faut être dur. Qui souhaite réussir et y mettre les moyens ? Ceux qui lèveront le doigt et des moyens, seront au premier rang pour ramasser les fruits, les autres méditeront sur l’intérêt de se servir de l’Europe ou de la servir. Là où nous passons temps de temps à le perdre, pour briller à Biarritz et faire concurrence au soleil, prenons-en moins, mais pour en gagner, et vivre à l’ombre de notre croissance retrouvée. Laissons tomber cette taxe GAFA et toutes les politiques défensives et passons à l’attaque. De plus, rappelons-le, qui est je le rappelle une taxe sur le numérique qui ne rapportera rien à personne, et qu’il fallait aborder d’une toute autre manière. De façon agressive, d’une part, et constructive de l’autre. Agressive en passant par la case redressement fiscal, loi sur la concurrence et pratiques abusives. L’effet sur la France et l’Europe, de mettre Amazon au pas et Google à sa place, pour privilégier nos acteurs et stopper la politique de destruction que leurs méthodes entrainent, avec la complicité du consommateur, qui ose se plaindre de ses propres achats, serait bien plus fort. Constructive, en lançant un plan Marshal du digital, des technologies, assis sur des valeurs humaines et sociales fortes. Se démarquer du modèle Chinois (qui a ses vertus contrairement à ce que tout le monde se croit obligé de dire) et Américain (qui a ses vertus contrairement à ce que certains oublient de dire, politique de protection de Trump incluse).

En cette rentrée, j’aimerais que l’on fasse écrire à l’encre indélébile, par nos écoliers, de tout âge, politiques inclus, leur rêve d’avenir, leur vision, les valeurs qu’ils souhaitent défendre, non par une politique de conciliation ou de suiveur, mais comme gladiateur d’une économie qui réussit ailleurs, car on a partout compris que la compétition économique n’était pas un jeu pour les faibles et les béats. Mais être dur, ne signifie pas qu’il faille rogner sur ses valeurs. C’est d’ailleurs sur celles-ci, et sur le fait de centrer tout sur l’homme, qu’une politique agressive ne pourra qu’être louée. Dur pour le combat, bon avec l’humanité. C’est possible, cela s’appelle une sauce sucré-salé. Nos grands chefs connaissent, demandez-leur, cela leur rapporte des Etoiles.