LES ENTREPRENEURS PARLENT AUX FRANÇAIS ChatGPT, l’Ukraine, Microsoft et Google. « Lost in translation »

LES ENTREPRENEURS PARLENT AUX FRANÇAIS ChatGPT, l’Ukraine, Microsoft et Google. « Lost in translation »

Depuis quelques semaines, pas une minute ne s’écoule sans que le mot de ChatGDP ne soit prononcé. Le monde entier vient de réaliser que l’on pouvait confiner une partie de la planète, stopper les activités économiques, ralentir les échanges humains, mais que rien, non rien, ne stoppait l’innovation

Les recherches, les essais, l’apprentissage par la machine, comme le sable entre les doigts, n’ont cessé une seule minute pendant que le monde sombrait dans sa folie confinée (pour une partie du monde en tous cas).

ChatGPT n’est pas une éruption soudaine, mais le produit d’un long processus, celui de l’entraînement d’une machine dont chacun déduit aussitôt, avec toute la finesse qui sous-tend l’information désormais, qu’elle nous remplacera dans les prochains mois, dans chacune de nos tâches quotidiennes, l’humanité est déclassée et nous devons commencer à organiser notre inutilité en apprenant au plus vite le golf à travers des applications de réalité augmentée ou le sudoku pour ceux que les jeux supposés anti-Alzheimer intéressent.

Je ne sais pas pour vous, mais chaque jour je parle à une personne différente qui me fait le comte de son rapport d’émerveillement. Un jour un ami me raconte comment son fils a pu tester la machine pour qu’elle termine sa composition musicale. Bien entendu, chaque jour plus de 10 personnes vous racontent leur cauchemar face à ces enfants qui font réaliser leurs devoirs par la machine, un fait devenu aussi commun que de voir un chat faire un double salto sur TikTok ou Insta. Ce sont ensuite ces journalistes qui se demandent si leur métier garde encore un intérêt, et même ces codeurs qui réalisent que ChatGPT peut lui-même coder une partie de son propre fonctionnement. Bref, nous allons tous devenir obsolètes, et ce prochain article, je n’aurai pas besoin de l’écrire, ce qui fera un peu de place dans mon agenda du dimanche soir. ChatGPT fait moi un article sur la politique digitale de la France. Ah non, pas cela, car malgré l’énorme capacité de ChatGPT, la réponse sera trop triste, et surtout trop simple et tiendra en un seul mot : RIEN ! Ne vous en faites pas, je trouverai bien un sujet sur lequel il y a quelque chose à dire.

Du coup, je me suis posé la question de savoir ce que notre amie artificiellement intelligente pourrait bien dire de la guerre en Ukraine. Aussi cette semaine je vais vous dire ce que j’en pense, avec mon « intelligence naturellement humaine » et d’ici la semaine prochaine je vous dirais ce que ma copine artificielle en « pensait » réellement. Deal ?

Une intelligence artificielle est censée raisonner logiquement, et faire une évaluation globale, non émotionnelle, sans que l’égo ne puisse influer sur son évaluation. Elle ne pourra se faire flouer par des considérations feintes, des prétentions supposées, de l’affichage. Des faits, une évaluation objective, du calcul machine, et rien d’autre. A mon humble avis, sa réponse sera la suivante :

Le fait que la Russie ait commencé n’aura que peu de poids sur sa réponse. Ce n’est pas une cour d’école, la vie n’est pas juste, et ne pas vouloir terminer un conflit sous prétexte qu’on ne peut pas donner raison au coupable, ne serait pas pris en considération par notre ami ChatGPT.

Le fait que chacun prétende que l’enjeu est celui de la démocratie, ne pourra pas être pris au sérieux par une intelligence artificielle. Si elle était un élément de l’équation, comment expliquer que tout à coup, pour avoir des ressources énergétiques on doive considérer que Maduro (Vénézuela), les Mollahs Iraniens, les Saoudiens ou Qataris sont des exemples parfaits de démocratie à qui il semble si naturel de parler en échange de l’accès à leur pétrole ou leur gaz ?

ChatGPT analysera donc le rapport de force que cette guerre entraîne. La pression sur les prix du blé et de l’énergie. L’hérésie de l’embargo, qui conduit l’Europe à imposer l’embargo sur le pétrole Russe, pour le racheter le lendemain, plus cher, à divers intermédiaires, principalement Indiens. La richesse supplémentaire apportée à tous les fabricants d’armes de la terre, qui contribuent assez peu à faire de la planète une meilleure place. Il calculera les chances de l’Ukraine de remporter cette guerre et les conséquences qu’un enlisement pourrait produire. Au passage, il ferait un petit calcul des profits amassés par divers personnages à la tête de l’Ukraine grâce au détournement de tous ces dons qui pleuvent sur l’Ukraine chaque jour. Il se demanderait pourquoi cet acharnement à maintenir ce conflit et y intervenir, quand personne n’a jamais pensé à sauver les millions de vies arrachées à l’Afrique lors des divers conflits, qui ont émaillé son histoire, encore récemment. La vie aurait-elle une valeur différente en fonction de la couleur de la peau des gens à sauver et du kilométrage qui sépare ces vies de nos territoires ?

Je vais stopper là, mais mon évaluation de la réponse de ChatGPT serait simple : STOP à la guerre, stop à l’alimentation du conflit par les livraisons d’armes.

 

Vérification semaine prochaine. Je tremble..

Pendant ce temps cette technologie pourrait, je dis bien, pourrait, rabattre les cartes de la géographie économique. Cela pourrait mettre Google en danger et ramener Microsoft dans la course au business pantagruélique que la puissance d’un moteur de recherche peut offrir à son leader. Faire de Bing un Google pourrait relancer la guerre entre les mammouths et donner à Microsoft accès à un trésor supplémentaire, lui qui surfe déjà sur un quasi-monopole, mais qui croît de façon linéaire quand il pourrait trouver là une nouvelle source de croissance exponentielle. Sans compter la liste des services incroyables que la licence OpenAI pourrait lui permettre de développer sur la base de ses logiciels existants. Microsoft pourrait redevenir la plus importante société au monde. Loin devant Google.

Pendant ce temps, nombre de mes amis plus experts que moi estiment que les meilleurs cerveaux du monde sont chez Google en cette matière et qu’ils vont prochainement en donner de nombreuses preuves au marché, même si la pauvreté de la démo de leur chatbot a fait chuter leur cours 3 jours de suite cette semaine.

Ce que personne ne réalise vraiment, à force de rester à la surface évènementielle des choses, c’est que la technologie est dans sa phase « exponentielle ». La courbe linéaire est derrière nous, la pente de la courbe est vertigineuse. Les résultats atteints par ces outils évoluent chaque semaine. Les développements qu’elle permet d’envisager excitent et font peur à la fois. J’ai la chance de pouvoir converser 1 fois par semaine avec un des meilleurs spécialistes au monde sur ce sujet, et ce qu’il me fait voir, de semaine en semaine est simplement au-delà de ce que vous pouvez imaginer. Des outils qui balbutient une semaine, arrivent à maturité 2 à 3 semaines plus tard. C’est totalement sans précédent.

La meilleure chose à faire pour le moment est simple. Observer, tenter d’anticiper et évaluer les développements possibles. S’y préparer, car nous pourrions les ralentir mais pas les empêcher. Bref, il faut prendre le temps, ce que ce monde semble nous interdire de faire, et réfléchir ce qui semble un défi de plus en plus important, car nous préférons voir un présent que nous pensons comprendre, qu’un futur qui nous échappe par notre propre création. Frankenstein, quand tu nous tiens. A lundi prochain !