05 Sep UKRAINE : Europe 0, USA vainqueur. La récession pour héritage.
Tous les observateurs s’écharpent pour tenter d’offrir des solutions et issues à la crise Ukrainienne. Chacun tricote son pull d’hiver, transformant l’Europe en tournant le dos à sa tradition intellectuelle, pour se tourner vers des fonctions plus prosaïques, cuisinier pendant le Covid, as du tricot pour préparer un hiver sans gaz. Des mains habituellement plus agiles sur un clavier, ou des doigts plus aptes à surfer sur un smartphone, se transforment ainsi, par une contrainte anthropologique violente, en habiles petites couturières.
Les partis politiques rivalisent d’idées fantaisistes pour soutenir le Président Ukrainien, qui apparaissait avant la guerre comme un de ces dirigeants corrompus sans intérêt, dont le seul moment de gloire fut, dans l’ordre, son élection surprise, suivi de l’explication de sa fortune inavouable dans les « panama papers ». Seuls quelques sages, comme le vieux Kissinger, martèlent depuis le début de la crise, que l’Ukraine doit se résoudre à perdre au moins 20% de son territoire, que la Russie ne reculera pas et qu’on ferait mieux de l’accepter et de mettre fin à cette guerre, désormais politique et fondée sur l’ego. On n’apprend pas aux vieux Sages, à faire des grimaces et il aurait été sage d’écouter le vieil homme et de signer l’arrêt de la guerre !
Pendant ce temps, les USA font semblant de jouer les juges de Paix, très à distance, et l’Europe galvanisée par le « trépidant Joe », rivalise de créativité pour trouver de nouvelles sanctions contre la Russie, sévèrement affirmée sur tous les JT de 20H, mesures qui montrent chaque jour leur inutilité, et surtout leurs effrayantes conséquences, qui nous plongent dans l’abime. La Russie souffre un peu et subira des contrecoups, bien entendu, mais pour le moment comme le rappelait encore Marc Touati sur une chaîne d’info, les sanctions ont plutôt enrichi la Russie. Elle vend ses matières premières plus chères (pas toujours néanmoins), et à travers les « brokers » Indiens notamment, nous continuons à acheter du pétrole ou même du gaz Russe qu’officiellement nous avons mis sous embargo. Gigantesque enfumage politico-médiatique, mais depuis le Covid, nous en avons pris l’habitude, mais toujours pas la conscience.
Les prévisionnistes prévoient que les USA échapperaient à la récession. En revanche, les indicateurs Européens, sont loin d’être aussi roses et l’Europe pourrait y succomber rapidement. Dans un territoire que la désastreuse gestion du Covid a déjà ravagé et recouvert d’un épais manteau de dette, au nom du quoi qu’il en coûte (pour se faire réélire aurait-on dû ajouter), l’Europe est déjà nue avant d’affronter l’hiver économique et sans aucune capacité de mettre sur la table des cartouches qu’elle a déjà totalement grillées, et ne pourra que tirer à blanc sur la récession. Qui est le grand vainqueur de cet état de fait ? Les USA. Mais aussi la Chine dans une moindre mesure.
Pourquoi ?
Les USA sont la seule entité que les Ukrainiens et les Russes estiment crédibles pour travailler à une solution à ce conflit. Les coups de fils Élyséens tiennent du café du théâtre, idem pour ceux de la Présidente de la Commission ou du parlement. Poutine se fait certainement remplacer par un sosie quand il répond à l’Europe au téléphone. Dès lors, les seuls qui vont réellement tirer les marrons économique de la puissance de feu Russe et Ukrainienne, sont les USA. Ils déclenchent des aides- qui sont largement détournées- pour répondre aux longues incantations quasi-évangéliques de l’ex-acteur, qui prouve là une forme de talent, malgré d’horribles T-shirt volés au chanteur de Cold Play. Les USA envoient des armes, à coup de milliards. Dès lors, pour l’industrie Américaine, le canon coule à flot et l’industrie se réjouit. On parle désormais de 700Mds de reconstruction, et devinez quoi ? Les Américains vont vendre du Caterpillar, du béton, de l’acier, du digital et autres infrastructures et l’Europe, elle, récoltera les miettes. Une partie de ces sommes seront détournées par le pouvoir Ukrainien, qui estime que souffrance bien partagée commence par les autres, et charité bien ordonnée par soi-même. Nous retrouverons Zelinsky, mais cette fois dans le top 10 des richesses volées, lorsque la prochaine fuite en provenance des paradis fiscaux surviendra. Tous ceux qui suivent l’argent d’abord et moins les discours poético-politiques, attestent des détournements déjà en cours. Les USA vont donc se prendre la part du lion une fois un éventuel Yalta, version Ukrainienne, acté.
Ensuite, les USA semblent moins destinés à la récession. Il n’en est pas de même en Europe. Elle n’a ni la domination digitale, ni les acteurs de poids et de référence. Elle est dépendante en termes d’énergie, l’Allemagne ayant brillamment choisi le charbon et les éoliennes, et la France ayant oublié d’entretenir ses centrales. L’Amérique a conservé sa capacité à prendre des risques et investir massivement dans l’avenir, par le public (moins) et le privé (beaucoup plus). Les poches des classes moyennes sont pleines et celles des classes plus modestes aussi, grâce aux aides reçues pendant le Covid. Les coups de pouce récents pour annuler ou reporter la dette étudiante, ont encore ajouté un élément de démotivation pour le travail, mais ils vont mieux financièrement. Du coup, ils peuvent consommer. Nous sommes en situation de plein emploi, on peut donc tenter de relever les taux, sans tuer l’économie, en tous cas c’est le pari actuel de la Fed.
Le dollar s’apprécie au passage, au détriment de l’Euro, qui il y a à peine 5 ans, permettait à un touriste français aux USA de gagner plus de 40% sur tous ses achats. La crise Ukrainienne, réaffirme la puissance Américaine, la confiance dans son économie et sa capacité de rebond, et pour être honnête, pour moi qui vis aux USA, la part de la crise Ukrainienne dans les infos quotidiennes, tient de l’invisible. L’Américains du quotidien s’en fiche assez largement. Ils n’ont pas peur de manquer de chauffage cet hiver, l’essence a quasiment repris son prix du début de l’année, alors qu’en France on paie toujours 1.79, un litre d’essence qui était pourtant 40cts moins cher pour un prix du pétrole équivalent il y a quelques mois (qui s’en met plein in the « fouilles » au passage ?). La perquisition chez Trump passionne plus que l’Ukraine. A part sur CNN. Classique !
La Chine en profite aussi. Étrangement, mais certainement, son positionnement sans antagonisme avec la Russie, qui se comprend notamment par son envie d’envahir son Ukraine à elle (Taiwan), entraîne un accroissement des échanges avec la Russie (entre l’Inde et la Russie également), dès lors la Russie vend à ses « amis » ce qu’elle ne vend plus à l’Europe. Du coup, les perspectives de la Chine, son poids politique et économique croissant, contribue à un évènement qui a échappé à beaucoup à ce jour. Sa monnaie prend de plus en plus de poids dans les échanges mondiaux. Les investisseurs mondiaux, y compris les banques centrales ont ainsi accru au total de plus de 5% en 15 mois, leur détention et utilisation du Renminbi. Certes cela représente encore moins de 5% des échanges mondiaux, face à un dollar en baisse à 60%, mais c’est un indicateur d’une perte de confiance dans un dollar trop monopolistique et dans une Chine en croissance, malgré son ralentissement des derniers mois.
Du coup, on voit bien monter la Chine, se maintenir les USA, pays dans lequel les acquisitions et fusions ont repris avec un niveau de vigueur assez impressionnant au premier semestre. On voit également, un accélérateur du déclin Européen, que le Covid avait commencé à dévoiler. L’inflation, sur laquelle est indexée une large partie de notre dette à court terme, va piller notre budget, les investissements sont en recul, et on commence à voir aller à la liquidation, comme je l’annonçais dans mon livre sur la gestion du Covid et encore dans ces colonnes, il y a près d’une année, les PME qui ont été perfusées artificiellement pour ne pas ajouter de mauvaises nouvelles aux mauvaises nouvelles, et passer pour le père Nöel pendant les divers confinements. Elles vont directement à la liquidation sans passer par la case redressement judiciaire. Ce qui est très mauvais signe, car elles irriguaient souvent les territoires petits et moyens. Ce qui finira par générer une vague de gilets, ultra-jaunes, cette fois.
Cette rentrée et les mois à venir vont être périlleux pour l’Europe, moins pour les USA. Sauf surprise. Les USA font semblant de faire de la diplomatie, mais font du business. Nous faisons naïvement une tentative de diplomatie, voulons apparaître comme la conscience démocratique du monde, mais oublions nos intérêts au passage. Rien de neuf sous le soleil caniculaire de l’été Européen. Tout est trop chaud et finira trop sec !