Macron contre la droite : qui est le mieux placé pour gagner les cœurs (et les voix) des entrepreneurs, artisans et professions libérales ?

Macron contre la droite : qui est le mieux placé pour gagner les cœurs (et les voix) des entrepreneurs, artisans et professions libérales ?

Atlantico : Quel est le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron pour les entrepreneurs, les artisans et les professions libérales ?
Denis Jacquet : Le bilan est pauvre.. Encore plus pauvre si l’on prend comme instrument de mesure la confiance et surtout l’espoir, que Macron représentait pour les entrepreneurs qui avaient majoritairement voté pour lui. Au moins par dépit ! On attendait un Président du numérique, on a hérité d’une ombre, même pas une trace numérique. On a rien fait pour doper l’investissement dans le numérique, ni dans les start-up et les PME en France. L’argent « perdu » du fait de la disparition de l’ISF, qui permettait de passer près de 1.2Mds d’euros chaque année dans ces entreprises n’a fait l’objet d’aucun remplacement. La France n’a ni ambition, ni réalisation numérique. Ses ministres successifs sont au mieux devenus des inaugurateurs de chrysanthèmes, ce qui les éloignent assez peu du rôle d’un chanteur en manque de popularité, qui ferait des ouvertures de supermarchés pour s’ofrir de quoi survivre. Notre politique consiste à visiter les incubateurs, celui de Xavier Niel (qu’on adore) en priorité. Son incubateur n’est pas loin des Ministères, et cela se remarque à chaque fois. Ou d’aller faire le VPR de Maurice Levy à Vivatech pour mettre en avant des entrepreneurs à succès américains, qui eux investissent massivement dans leur pays, et viennent vanter la France pour remercier la Présidence de les inviter à dîner au « Tech for Good Elyséen », cette machine inutile à recycler de la mesure pré-existante.

Rien sur la data, l’IA, le spatial, aucune réforme digitale de l’éducation.

La politique industrielle se limite à quelques déclarations bucoliques, exercice obligé pendant le Covid, qui nous indiquait qu’on allait voir ce qu’on allait voir, et ma soeur Anne, entrepreneuse, ne voit toujours rien venir.

Le président Macron retrouverait-il le chemin du bon sens ? Les entrepreneurs prient

Les réformes sur le droit du travail, partaient dans le bon sens, mais se sont arrêtées en route, et sans l’élection présidentielle, on ne parlerait ni aux artisans, ni aux professions libérales, aujourd’hui. Pour moi qui avait fait l’Observatoire de l’Ubérisation, nous avions proposé des mesures fantastiques pour harmoniser le sort des libéraux et de l’économie digitale. Au lieu de s’en servir, on a nommé la 3ème commission, sur le sujet, qui n’a toujours rien apporté à ce jour.

Pourquoi attendre fin 2021 pour réaliser qu’ils existent? Cela donne la nausée, il ne manque que les mains sales.

Les réformes essentielles, les seules qui permettraient de retrouver une fiscalité inférieure, des charges moins élevées, une compétitivité retrouvée, n’ont même pas été abordées. La réforme de l’Etat, du renouvellement des mandats, des fromages de la République (qui se sont accrus, mais sous d’autres formes), l’efficience de l’Etat et son allègement ont fait long feu. Le nombre de fonctionnaires, au contraire, a encore augmenté. Et pas les bons.

Rien sur le commerce extérieur non plus.

Bref, un programme de réforme qui faisait envie, comme une magnifique vitirine, très attirante au départ, pour accoucher d’une souris morte. Et il remet le couvert, en multipliant les promesses. Seuls les inconscients et les naïfs, pourront y croire et voter à nouveau pour lui. Autour de moi, de nos réseaux d’entrepreneurs, la réponse est claire, ils voteront pour Macron au second tour, face à Le Pen, sans conviction, par obligation. Et encore, nombreux sont ceux qui pensent à renverser la table afin de donner un coup de « karcher » salutaire et nettoyer une fois pour toute, cette classe politique quasi-mafieuse, qui se partage le pouvoir et l’a surtout exercé de façon arrogante, incohérente, défaillante et solitaire, dans un exercice anti-démocratique sans précédent en France, pendant le Covid. Niant tous les élus territoriaux notamment, pour gouverner et subventionner. la France depuis un conseil de sécurité restreint. Comme en Chine, mais en moins efficace!Politiques contre l’économie : Ce sont les invariants, et non les variants qui tuent l’économie et les hommes

Léonidas Kalogeropoulos : Ce quinquennat a été marqué par la valorisation de l’esprit d’entreprise et l’incitation à la création d’entreprise. La volonté dès la campagne de 2017 de valoriser la « start up Nation » a été un marqueur des gouvernements successifs, et à cet égard, le fait que nous ayons atteint malgré la pandémie le cap des 1 million de nouveaux entrepreneurs par an constitue une forme de révolution créative qui constitue l’une des meilleures nouvelles économiques – mais aussi politique – de notre pays. Les Français s’emparent de leurs projets, de leurs ambitions, de leurs talents, des besoins qui les entourent, pour apporter des solutions en créant leur boite ou en se mettant à leur compte, et ils trouvent pour cela un nouvel écosystème d’accompagnement et de financement de leurs projets qui insuffle une dynamique très positive pour tous ceux qui veulent se lancer. Certes, la pandémie a fragilisé cet édifice, mais le bilan est globalement positif.

Le chef de l’Etat a dévoilé jeudi son plan en faveur des travailleurs indépendants. Ces électeurs lui sont-ils acquis désormais ?
Denis Jacquet : Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et y croient. Les mesures, néanmoins sont bonnes, pas trop compliquées non plus. On a d’ailleurs laissé les plus complexes à une commission dont on connaît le fonctionnement en France: Un enterrement de première classe. Aux libéraux et artisans de voir, si les mesures de dernières minutes pour se refaire un électorat sont ou non le signe d’une politique qui se maintiendra une fois le joueur de flûte élu. A court terme, il a réussi un bon coup. Indéniable et malin. Les artisans, pour une partie, se portent très bien, ils ont gagné beaucoup d’argent pendant le covid. La restauration sait le massacre qui se prépare. Les digitaux n’ont aucune avancée dédiée. Je ne sais pas si ils voteront pour lui. Une partie des commercants sont restés poujadistes et sont tentés par le RN, sans aucun doute. Chacun va leur faire la cour pour ne pas être en reste. Ils vont avoir le choix entre plusieurs menteurs. L’un ou l’une, tiendra peut être promesse. Il faut gratterson bulletin pour gagner et donc aimer jouer à la lotterie.

Pass sanitaire : les entrepreneurs POUR et les entrepreneurs CONTRE. Une différence de perspective. Combat entre le nombril et l’idéal démocratique

Léonidas Kalogeropoulos : Ce qui est certain, c’est que les témoignages abondent d’entrepreneurs, d’associations, de syndicats, qui ont rencontré des difficultés et qui ont été reçus, entendus, accompagnés, comme probablement jamais par le passé. Le Ministère délégué aux PME est dirigé par un entrepreneur, qui a représenté les entrepreneurs dans une carrière militante à leur coté depuis des années, ce qui fait d’Alain Griset un des leurs. Son Cabinet n’a pas ménagé sa peine pour aller au-devant des professions qui ont été le plus impactées par la crise sanitaire, pour résoudre les blocages administratifs qui empêchaient les aides de parvenir à ceux qui devaient en bénéficier, pour adapter les plans aux situations critiques de chacun. Le travail accompli et la disponibilité du Ministre et de son Cabinet durant ces derniers mois, même en plein été, a permis de débloquer kyrielle de situations compliquées, et dans le monde patronal, les témoignages abondent pour se féliciter d’une écoute sans précédent. On le constate également dans le plan présenté par le Président de la République, qui va répond à des attentes anciennes de ce secteur, qu’il s’agisse des filets de sécurité pour protéger le patrimoine du Dirigeant en cas de défaillance, de la protection sociale des indépendants ou des conditions de transmission de l’activité.
Toutes les difficultés ne sont pas réglées pour autant. Les entrepreneurs rencontrent tous les jours dans la diversité de leurs activités, des tracasseries ou des blocages administratifs de toutes natures, à l’échelle locale ou nationale, et ils sont alors démunis face à des administrations qui ne les comprennent pas ou qui n’ont pour eux aucune considération. D’ailleurs, la réforme présentée pour pouvoir bénéficier d’un filet de sécurité en cas de défaillance a clairement été présentée par le Président de la République comme un deuxième essai, parce que la réforme réalisée il y a deux ans avait été paramétrée par des « gens qui ne voulaient manifestement pas qu’elle fonctionne »…. Les administrations n’ont pas opéré leur mue, et à cet égard, il y a un « Etat profond » qui échappe aux instructions politiques, de ce gouvernement comme de ceux qui pourraient lui succéder. Mais face aux administrations, il y a dans le monde entrepreneurial une colère qu’il reste nécessaire pour ce Gouvernement de comprendre et d’y apporter des réponses adaptées.La Présidentielle, un exercice imbécile pour des nations sans mémoire
En face, que proposent les candidats de droite ? Peuvent-ils rivaliser ? Quel candidat est le plus en position de le faire ?
Denis Jacquet : Pour le moment pas grand chose. Il est toujours étonnant de voir à quel point un parti de l’opposition qui n’a rien d’autre à faire que de préparer une proposition alternative pour la France, adore, le faire de façon dispersée à 9 mois des élections, en faisant de savants calculs, sur ce qui rapporte plus de de voix et non ce qui r »apporte le plus voies » à la france dans le labyrinthe qu’est devenue l’économie mondiale. Pécresse, Bertrand, Barnier, un trio assez peu excitant. Un grand Européen qui ne connaît rien à l’économie réelle, tant Bruxelles a le pouvoir de vous faire vivre sous cloche. et 2 régionaux qui devraient le rester. Xavier Bertrand fait un travail remarquable dans le Nord, et Pécresse en région Parisienne. Il ne faut jamais chercher à forcer sa limite de ses comptétences. Aucun de ces candidats ne fait rêver et ce n’est pas l’arrivée de Denis Payre dans la course qui va rassurer les entrepreneurs, qui savent comment ce « Macron » de l’entrepreneuriat, a ruiné un mouvement magnifique (Nous Citoyens) en moins de 6 mois, ce qui le rend interdit de séjour chez tout entrepreneur qui se respecte.

Rivaliser? Oui c’est facile, il suffit de promettre, c’est à la portée de tous et toutes. Le métier le plus facile, c’est celui de candidat !

Hidalgo l’a bien compris en proposant le doublement du salaire des profs. Une folie budgétaire. Mais au final, une mesure pas si idiote, je dois l’avouer, alors qu’elle représente tout ce qu’un entrepreneur déteste.

Comment bâtir une France qui apprend et s’adapte, si on investit pas dans une éducation d’excellence, et plus inclusive des typologies de profils et de compétences? Comment retrouver notre place dans les classements mondiaux, sans avoir des professeurs motivés pour donner le meilleur. Sur le principe je trouve la mesure intéressante si elle est complétée par des mesures essentielles. Car payer plus, pour soulager la monotonie du prof, n’apportera rien à l’éducation de nos têtes blondes (pardon aux tenants d e la Woke Culture, c’est discriminant, mais ce n’est qu’une expression !!). Il faut corrélativement supprimer la techno-structure, la vidant ainsi de cette masse syndicale qui la paralyse. Il faut donner l’autonomie aux établissements. Faire payer un peu (tous) les parents afin qu’ils comprennent qu’ils doivent eux aussi s’investir. Digitaliser, former, accompagner et réformer un système qui mise tout sur les maths pour faire émerger des talents différents. L’école 42 et d’autres ont prouvé qu’un non diplôme pouvait être un excellent codeur, très bien payé. Il faut nettoyer partout, ceux qui ruinent leurs écoles et insultent les enseignants. Rétablir l’ordre. Investir sur la créativité. Autant de sujets, que nous attendons des candidats. Mais là, il faut de la vision, la connaissance de l’international, comprendre les enjeux d’une société qui est bouleversée par les technologies et les traumatismes qui s’en suivront sur l’emploi.

Pour le moment, ma soeur Anne, toujours entrepreneuse, cherche toujours le bon candidat, doté d’une vision, ce qui est bien différent d’un candidat armé de mesures qui brillent de démesure, l’oeil braqué sur les sondages.

Léonidas Kalogeropoulos : Il n’est pas du tout certain que les candidats de droite soient plus crédibles pour convaincre qu’il sauront mettre des administrations, qui n’ont – parfois ! – que préventions, voire hostilité à l’égard du monde entrepreneurial, en situation d’être à l’écoute de l’initiative privée. Pour les candidats de droite qui dirigent des Régions, il est parfois plus difficile de joindre une administration régionale en charge d’un secteur d’activité que de joindre le Cabinet du Ministre dont relèvent les entreprises qui ont besoin de lever un obstacle dans leur développement. Face à une culture parallèle considérant la fonction publique comme détenant par définition la vérité et ayant pour vocation de mettre tous les citoyens au pas, et qui échappe à toutes nos élections démocratiques, certaines administrations – ils ne faut pas toutes les mettre sous cette même toise – sont sourdes à tout ce qui peut bouger dans le pays, et la coloration politique des gouvernements ou des Présidents de Régions n’y change rien. D’ailleurs, ces administrations vous le disent bravaches, en toute transparence, lorsqu’elles agissent en contradiction avec les instructions gouvernementales : « les ministres passent, nous ont reste » ! Il y a face à cet « Etat profond » une véritable révolution à mener, et il reste encore à trouver la bonne méthode et le discours politique qui sera en mesure de bousculer, partout, à tous les échelon, ces blocages de toute nature qui entravent le dynamisme de nos entrepreneurs et de notre pays. L’actuelle majorité n’a pas encore affiné ce discours, qui est très attendu par tous les entrepreneurs de France, mais les candidats de droite ne semblent pas avoir encore perçu qu’il y a là une priorité qu’il est vital de prendre à bras le corps pour réussir la modernisation de notre pays.

Dans les sondages, quel candidat apparaît le plus à même d’attirer les entrepreneurs, les artisans et les professions libérales ?
Denis Jacquet : Les sondages, nous les faisons de façon empiriques dans. nos cercles, qui réunissent des milliers d’entrepreneurs. Ils n’ont pas plus de valeur que cela, mais quels sondages ont vraiment de la valeur de nos jours? Il y a une certitude, ceux ou celles que nous aimerions avoir comme candidats, ne le sont pas. Quand on consulte autour de nous, un nom revient avec insistance. Christine Lagarde. Candidate, elle rassemblerait tous les suffrages des entrepreneurs et entrepreneuses. Une femme de grande classe et grand talent, dotée d’une empathie non feinte, elle. Un talent managérial incroyable, une vision internationale, notamment sur ce qui ronge le monde occidental et notamment l’Europe, dont elle a bien compris, depuis longtemps, qu’elle s’éloignait un peu plus chaque jour du centre du monde, pour être « périphérisée », comme le montre encore l’affaire Australienne. Plus personne ne considère l’Europe comme la place qui brille des lumières intellectuelles, artisstiques, entrepreneuriales. La Chine et les USA se livrent une bagarre qui « nanifie » tous les autres. Elle a compris que les écarts de richesse allait saper notre équilibre social et sociétal. Elle a compris que le combat était celui de la disparition des emplois du fait des nouveaux modèles économiques et technologiques. Bref, elle voit chaque matin le monde dans son intégralité, au petit déjeuner, pendant que nos candidats se perdent à l’observation d’un nombril français en se rasant. Donc, sans aucun doute, elle serait notre candidate idéale.

Nous avons besoin d’un grand homme ou d’une grande femme, nous avons des défenseurs de pré-carré. Le destin de la France s’inscrit dans son interaction et sa différentiation avec les autres nations, dans ses alliances, et nous allons à nouveau assister à des débats si franchouillards. Un vote par dépit se dessine à nouveau et c’est triste!