«Comment le Covid-19 a nourri le pouvoir de nuisance des syndicats»

«Comment le Covid-19 a nourri le pouvoir de nuisance des syndicats»

FIGAROVOX/TRIBUNE – L’entrepreneur Denis Jacquet dénonce les méthodes de certains syndicats pendant la crise sanitaire qui, en jouant sur la peur des salariés, ont ralenti selon lui la reprise.

Il y a des centrales à charbon. Il y aussi, des centrales nucléaires. On peut remettre en cause certaines d’entre elles, mais au moins, elles produisent de l’énergie, elles sont utiles. Le covid-19 vient de donner naissance à une nouvelle centrale, la centrale syndicale au Covid. Elle aussi utilise son énergie, mais pour détruire. Notre gouvernement aurait pu préférer désarmer ces centrales que celles de Fessenheim. Il a, au contraire, dopé leur pouvoir de nuisance, au détriment des entreprises que l’on saura bien fustiger quand viendra le temps des plans sociaux.

Nous avons appelé certains à travailler, leur indiquant que ce n’était pas si dangereux, tout en appelant l’immense majorité des autres à rester chez eux, car pour ceux, c’était d’un danger absolu. Pourtant il existait une voie et l’Asie l’a prouvé. L’Allemagne aussi, dont l’activité économique était proche des 75% pendant la crise.

Les chiffres sont sans appel. Hong-Kong, Taïwan, le Vietnam, la ThaÏlande…quelques centaines de morts et pas d’arrêt de l’activité économique. La Suède n’a pas déconfiné. Elle a fait certes moins bien que ses pays «frugaux» voisins, mais aussi «bien» que la France. Aucun n’a prôné le droit de retrait, aucun n’a laissé le pouvoir aux syndicats. Factuel. Sans discussion possible.

Le salarié dans une entreprise située dans une région sans le moindre cas de Covid, pouvait refuser de venir travailler.

Cette maladie a permis à certains d’exhumer un droit exceptionnel, inventé dans ce pays qui se méfie de ses entreprises, afin de protéger les salariés de ses dérives: le droit de retrait. Le salarié devait éviter de prendre un risque pour sa vie. Ainsi, le salarié dans une entreprise située dans une région sans le moindre cas de Covid, pouvait (et a pu) refuser de venir travailler s’il pensait que les mesures n’étaient pas suffisantes pour assurer sa sécurité. Les accidents de la route font chaque année 72 000 blessés en France, alors imaginez que ce droit soit exercé par tout salarié qui doive traverser la route pour venir travailler?

Néanmoins, quand il s’agissait de services essentiels, on était moins regardant, car il fallait nourrir les assignés à domicile, et tout à coup, les règles devenaient aussitôt plus souples. La loi sait être aveugle, quand cela sert l’intérêt politique, même si l’exemple d’Amazon a été un contre-exemple, mais quasi unique.

En France, nous sommes allés plus loin. Les entreprises au nom de ce droit de retrait et du principe de précaution, mais aussi pour éviter la vindicte populaire et le lynchage médiatique, se sont senties obligées de se soumettre aux syndicats, à genoux, pour l’achat de leurs produits anti-covid. De la même façon que les médecins furent dépossédés de leur droit de prescription, les acheteurs des grands groupes furent sommés de soumettre tous leurs achats, eux qui le font à longueur d’année, à des syndicats, médecins du travail et autres CHSCT, qui pourtant ne sont pas ou peu formés, ni experts en la matière.

Dépossédés de toute responsabilité, en un instant, au nom du principe de précaution. Comment les centrales syndicales, essentiellement Sud, CGT et FO, s’en sont-elles servies? Comme une arme politique. Sous un prétexte fallacieux: la santé. Alors que 9 morts sur 10 avaient plus de 65 ans et près de 50% de ces derniers, plus de 84, ce qui est assez éloigné de l’âge moyen des salariés… Les syndicats se sont saisit avec délectation de la «machine à baffes» qu’on ne leur donne que rarement avec autant de facilité.

Quand l’OMS indiquait qu’un taux de filtration de 90% était suffisant pour les masques, les syndicats ont exigé une filtration à 98%.

Tout d’abord, ils ont joué la montre. Ils ont pris des jours (parfois plus) pour approuver certains produits. Très informés, ils détectaient les produits pénuriques et les exigeaient sous peine de déclencher les hostilités et pousser les salariés au retrait. Telle station radio très connue n’a pas pu rouvrir ses studios pendant plus de 15 jours, pourquoi? Car les syndicats savaient que les lingettes étaient introuvables et les ont exigées pour accepter de rouvrir. Quand il leur fut proposé des sprays, d’une efficacité rigoureusement identique, ils ont dit non. Pourquoi? Car le produit était disponible et ils auraient été obligés de reprendre le chemin du travail. Consultés dans les couloirs par le DRH, le responsable FO confia que son but était de faire «la jointure» avec les congés scolaires et de reprendre en septembre!

Ils ont ensuite refusé certains produits, sous des prétextes fallacieux. Quand l’OMS indiquait qu’un taux de filtration de 90% était suffisant pour les masques, les syndicats ont exigé une filtration à 98%, sans aucun intérêt supplémentaire. Pourquoi? Car les masques à 98% étaient pénuriques, ou réquisitionnés par l’État et indisponibles. Reportant ainsi la reprise du travail.

Les exemples du même genre, chez tous les grands industriels, sont légion. On a accusé la Poste de ne pas faire son métier, mais ils en étaient incapables. Leurs syndicats s’y sont totalement opposés.

Ces mêmes syndicats manifesteront demain contre des plans sociaux qu’ils dénonceront comme infâmants, alors qu’ils en sont largement responsables. Heureusement, localement, certains syndicalistes, plus conscients et surtout encore empreints d’une véritable vision de ce que devrait être le syndicalisme, une force au service de l’équilibre et du dialogue, ont vertement désobéis à leurs centrales. Il faut aussi le souligner, car il reste encore des «purs» syndicalistes, sincères et engagés. Ce fut le cas, notamment, dans la sidérurgie. Ils savaient que si ils arrêtaient trop longtemps, leurs clients disparaîtraient à jamais.

Surfant sur la peur, ils ont pu se refaire une popularité vis-à-vis des salariés.

Mais dans l’ensemble, ce fut le festival de la démagogie. Surfant eux aussi sur la peur, ils ont pu se refaire une popularité vis-à-vis des salariés, qui depuis ont bien du mal, pour encore un grand nombre, à reprendre le chemin du travail (ou de l’école). Ils se sont emparés de la peur et en ont fait un produit dopant du syndicalisme.

Chacun a décidé de fuir le risque et de mettre une tête courageuse en avant, de peur de se la voir coupée. Nous entrons définitivement dans le régime de la lâcheté, qui excuse toutes les infamies. Chacun refuse ses responsabilités, et s’en débarrasse comme de la peste, quelles qu’en soient les conséquences et les vainqueurs. Cela illustre la fin de la République de la responsabilité au profit de celle de la lâcheté. Au final, il n’y aura que des perdants. Les syndicats auront à l’heure où seront dévoilés tous les plans sociaux et la liquidation retardée de dizaine de milliers de PME, réussi une chose: faire en sorte que personne ne retourne au travail, car ce travail n’existera plus.